Texte de Henri Lafitte
Confidences insulaires
J'ai misé pour mon île
Un jour que je suis né
Avec une île aux fesses
Un jour de faux printemps
Car le printemps n'est pas
Sur mes rochers brumeux
La saison qu'on décrit
Dans les livres d'école
Ecrits loin de ces vagues
Qui rythment le chant d'Eole
Au pied d'un continent
Qui se prend pour un dieu
J'ai misé pour mon île
Malgré ces mots morts nés
Pour lendemains en liesse
De ceux que l’on entend
En emboîtant le pas
Des prophètes captieux
Qui mentent comme on rit
Dans les discours qui collent
Aux angoisses trop vagues
D'îliens qui se désolent
D'être bercés souvent
De rêves fallacieux
A Saint-Pierre et Miquelon
Je suis rire rêve et enfant
J'ai misé pour mon île
Avec une dulcinée
Promise en une messe
A partager mon temps
A goûter au repas
De mes rêves fumeux
Des rêves que j'écris
Au son d'une guitare folle
Car j'aime les vagues
Il se peut qu'on s'affole
Chez toutes ces bonnes gens
Qui croient encore en Dieu
J'ai misé pour mon île
Même si les goélands
Sont les seuls à entendre
Quelques notes saisies
Par un pêcheur de mots
Au bord d'un océan
Sous un ciel souvent gris
Et la bruine qui colle
A mes rives si vagues
Que les vagues rigolent
Sur les galets d'argent
Qui me parlent des cieux
Pari pris