Les trois moulins
Ils sont là, trois guetteurs immobiles et muets
Noyés dans des lambeaux de lande.
Des fougères rougeâtres viennent lécher leurs pieds.
Il n'est personne qu'on y attende.
Je viens les saluer en cette fin d'automne.
Il fait presque nuit à midi.
Ciel bas, herbes luisantes et flaques d'eau, tout donne
Une douce mélancolie.
Depuis longtemps déjà ils ont perdu leurs ailes.
Plus de meunier et plus de blé !
Plus de chariots montant ici entre ridelles
La riche moisson de l'été.
Dressés l'un près de l'autre, et pourtant solitaires,
Ils songent à la vie qui a fui.
Un étrange silence recouvre cette terre
Toute imprégnée d'ombres et de pluies.
Louis LELIEVRE