Les dunes d’Hatainville…
Si la force des éléments nous était contée, l’histoire nous apprendrait sans doute des choses qui nous permettraient de nous rendre compte que nous devrions plus vivre en harmonie avec la nature car c’est avant tout elle qui nous protège.
Sèches auront été les mares dunaires durant l’année 2017… le niveau de la nappe phréatique dans les dunes n’aura jamais été aussi bas depuis 12 ans.
Les grèves des rivages changent constamment et toujours au gré des courants, des marées et des vents et la réapparition d’une belle dune embryonnaire ces trois dernières années sur la partie nord est plutôt bon signe… mais nous savons tous qu’il suffit de peu de choses pour que tout s’inverse…
Une tempête d’ouest et de fortes marées combinées et ces grains de sable doucement accumulés peuvent rapidement être repris par les vagues. Quant aux galets ils se baladent le long du rivage, et les pieds du rare chou marin ou de la criste marine résistent comme ils peuvent aux assauts des déferlantes dans la tourmente…
La mer est difficilement maitrisable, nous rendant souvent impuissants face à la force des éléments. Depuis des millénaires le rivage n’a cessé d’évoluer. Qui pourrait imaginer qu’il y a 170 000 ans, qu’au nord du haut du Cap de Carteret ce n’était que succession de falaises et de criques jusqu’à La Hague… qu’à la fin de la dernière glaciation il y 10 000 ans les iles anglo-normandes dominaient une immense plaine sous forme de collines sous un climat digne du grand nord canadien…
Mais les hommes eux étaient déjà installés sur les point hauts et stables comme en attestent les découvertes archéologiques du Cap du Rozel ou de Carteret si précieuses pour comprendre l’évolution des paysages et du climat.
Alors demain ? Quel paysage aurons-nous, jusqu’où la mer reviendra ? Les changements climatiques sont une évidence. Mais demain commence aujourd’hui. Le village d’Hatainville blotti sur ces anciens rivages, derrières ses collines de sable restera, lui hors d’atteinte de la remontée inexorable de la mer car ces vastes dunes sauvages restent le meilleur rempart naturel capable d’amortir ces changements climatiques.
Les pieds dans le sable, et le regard tourné vers la mer, on ne peut qu’espérer que la mise en place de mesures concrètes nous permettra de conserver le plaisir inestimable que nous avons à vivre ou traverser ces exceptionnels paysages dans un monde qui change et où ces changements risquent de s’accélérer si rien n’est fait.
Alors 2017 fut l’occasion de découvrir les dunes sous une forme artistique mêlant imaginaire et rêverie, musique et poésie en traversant les mielles d’Hatainville par une belle après-midi ensoleillée.
Durant l’été des jeunes venus de France, Italie, Macédoine, Lettonie, Portugal, ouverts sur le monde le temps d’un service volontaire européen, nous ont prêté main forte pour réaménager l’accès à la plage. Et en décembre une poignée de bénévoles ont complété le dispositif accompagnant le tressage en haut de plage, comme une esquisse de Land Art, pour limiter la gourmandise des vagues sur ces grèves indomptées et fréquentées par les hommes depuis des milliers d’années.
Yann Mouchel