Réflexions autour de l’interprétation
Dans le cadre de la mise en valeur des dunes d’Hatainville, une réflexion a été engagée avec la commune, sous forme de groupe de travail, pour redessiner les itinéraires et le contenu des futurs sentiers de découverte. Rappelons que les dunes d’Hatainville sont fréquentées par plus de 5000 visiteurs par an (estimation 2001) et que cette fréquentation tend à augmenter notamment pour la randonnée et les plaisirs de la plage. Une signalétique adaptée et discrète sera mise en place à terme aux principaux accès aux dunes avec des informations sur le patrimoine naturel, historique et culturel Un livret pédagogique complétera l’ensemble.
Dans le cadre de cette réflexion, plusieurs chantiers école ont été menés cette année pour aménager certaines portions de sentiers (emmarchements, chicanes, débroussaillage, pose de ganivelles…). Près de 120 étudiants principalement de lycées agricoles (Coutances, Sées) ont participé à ces opérations. Différents aménagements ont également été menés en régie et dans le cadre de travaux financés par le Conservatoire du Littoral.
La réorganisation de l’activité pastorale sur les Guets
Le pâturage est une activité traditionnelle qui a contribué depuis fort longtemps au maintien de nos dunes, et constitue d’ailleurs l’une des originalités des dunes du Cotentin. Mais l’évolution de l’agriculture et des systèmes d’exploitation induit certaines dérives. Les conventions passées sur les terres du Conservatoire permettent de définir des pratiques conciliant préservation des dunes et maintien de l’élevage indispensable à l’entretien des parcelles, ce qui n’est pas toujours simple à mettre en œuvre. Les exigences en matière de conservation ne sont pas forcément les mêmes suivant la nature et l’historique des parcelles. Sur les 450 hectares propriétés du Conservatoire du Littoral, 11 exploitants sont sous convention dans les dunes d’Hatainville. Comme chaque année de nombreux échanges ont lieu. Le 1er décembre à la mairie, une réunion rassemblant les exploitants locataires des Guets a été menée dans l’objectif de réorganiser et d’améliorer les pratiques sur cet ensemble de parcelles autrefois cultivées et qui s’enfrichent.
Différents travaux ont également été menés en faveur du maintien de l’activité agricole : remplacement de 1km300 de clôture le long des dunes communales de la Cohue, installations de barrières traditionnelles du Cotentin. Des travaux de Broyage ont également été réalisés.
Ce compagnonnage entre gardes du Littoral (financement européen) s’inscrit dans la continuité du jumelage technique qui existe entre les deux sites naturels. A Miquelon c’est la commune qui gère les terrains du Conservatoire du Littoral. Sur leurs dunes et l’immense lagune les usages sont similaires à ceux que nous avons dans les dunes et havres du Cotentin.
Pendant ces deux semaines, Idir a pu rencontrer les différents partenaires avec qui nous travaillons au quotidien (Société de Chasse, Municipalité …), et assister aux missions quotidiennes de protection des Rivages de la Côte des Iles et de notre presqu’ile. Ce fut également l’occasion pour lui de participer à différents chantiers menés sur le massif dunaire.
A la fin de l’été, ce fut à mon tour de me rendre sur l’archipel pour assister Idir dans ses missions quotidiennes. Nous avons rencontré les différents usagers, et malgré une importante concertation, l’intervention du Conservatoire n’est pas toujours vue d’un bon œil (2000 hectares), et c’est d’ailleurs ce qui avait motivé ces échanges. Sur l’archipel, la notion de propriété est bien différente, et la nature est si sauvage avec ses vastes étendues de montagnes, de tourbières, de lacs qu’il semble n’y avoir aucunes frontières…..elle semble appartenir à tout le monde, générant de ce fait de nombreux conflits d’usages. Le Conseil Territorial (équivalent du Conseil Général) est propriétaire d’une bonne partie des Terres.
L’essentiel de la population se cantonne sur Saint Pierre (5600 habitants) la plus petite, les iles de Miquelon et Langlade toutes deux reliées par un fragile double tombolo sableux (qui isole une immense lagune) n’est peuplé que de 600 âmes à l’année. En revanche, les beaux jours venus, l’ile sauvage de Langlade devient lieu de villégiature des Saint Pierrais qui viennent passer du temps sur l’Isthme. La chasse, la pêche, la cueillette, l’observation, la randonnée équestre et pédestre sont les principales activités menées. Comme dans beaucoup d’endroits dans le Monde, l’érosion du trait de côte est aussi préoccupante.
Leurs buttereaux comme on les appelle là bas ressemblent à nos mielles, mais sont beaucoup plus herbeux car humides, recouverts de neige une bonne partie de l’année et ne connaissent pas la sécheresse….Autrefois, plusieurs fermes existaient sur l’isthme car les terres étaient excellentes pour le pâturage et la fauche….C’était en quelques sorte le grenier à foin de l’archipel…Aujourd’hui, un éleveur exploite une partie de l’isthme aux beaux jours avec un troupeau de moutons et d’alpagas…Des troupeaux de chevaux semi sauvages y pâturent mais sont utilisés essentiellement pour la randonnée équestre…ce pâturage libre pose aujourd’hui quelques difficultés….
Les usagers et habitants rencontrés sont intéressés par la manière dont nous travaillons en partenariat depuis 35 ans. Une rencontre aux Moitiers d’Allonne dans les dunes d’Hatainville devrait être envisageable en 2012.
Yann MOUCHEL, Garde du Littoral sur la Côte des Iles
2 route du Pont Rose, 50270 BARNEVILLE-CARTERET
02 33 52 06 99 / 06 32 64 71 89